oui, ce matin je prends tout dans les nouvelles calédoniennes...

Goro Nickel : Des questions, des réponses et un statu quo

Goro Nickel a accueilli Rheebu Nuu sur le site de Kwé Ouest, hier matin, avec des techniciens de la Province et de la Direction des mines. La visite devait satisfaire les interrogations du comité. Sans succès.

Debout face au chantier, Raphaël Mapou enchaîne les questions tellement vite que le gendarme faisant fonction d’huissier peine à prendre des notes. Trois jours plus tôt, le porte-parole de Rheebu Nuu était déjà venu avec un huissier, sans pouvoir s’adresser à Goro Nickel. Alors cette fois, il en profite.
« À quel niveau d’avancement étiez-vous il y a quinze jours ? En quoi ce batard d’eau (une petite digue, ndlr) amène-t-il plus de sécurité, alors qu’il y a déjà un bassin antipollution ? Et ce bassin, vous en avez calculé la dimension par rapport à la situation actuelle ou à l’installation finale ? »
Les réponses de Benoît Demers (ingénieur Goro Nickel) et Jean-Sébastien Baille (Direction des mines) tombent systématiquement. Le minibus affrété par l’industriel vient d’ouvrir ses portes, sur les hauteurs du chantier de la Kwé Ouest. Et personne n’a envie de perdre de temps.
La plateforme d’un kilomètre carré, située à un quart d’heure de l’usine, est la dernière discorde en date entre le comité et l’industriel. Quand le nickel sortira de terre, plusieurs bassins y stockeront des résidus miniers épaissis avant que les eaux dégagées ne soient versées dans le creek, via un ultime filtre. Mais le 23 novembre, le chantier a été suspendu par la justice, qui souligne un danger de pollution dû à des faiblesses du sol non corrigées. Quelques jours plus tard, la Province publiait un arrêté autorisant Goro Nickel à achever la sécurisation des lieux avant la saison des cyclones. Un arrêté que Rheebu Nu assimile à un passe-droit permettant de ne pas trop ralentir les travaux.

« Si on ne le fait pas, la Kwé sera rouge »

La visite sur site, largement médiatisée, devait prouver la bonne foi de Goro Nickel et de la Province. Ces derniers ont d’abord détaillé la nature du travail en cours et son but. L’aménagement principal est un batard d’eau d’une quinzaine de mètres de haut, en bas du versant. En cas de fortes pluies, la digue retiendra l’eau le temps que le bassin de décantation en bord de creek fasse son travail. « Si on ne le fait pas, explique Jean-Sébastien Baille (Direction des mines), le débit d’eau sera largement supérieur aux 3 m3 par seconde qu’admet le bassin. Il débordera et la Kwé sera rouge. » Circonspection dans les rangs de Rheebu Nuu (une vingtaine de personnes), qui craint que l’installation provisoire ne soit le premier élément d’une digue prévue dans le projet initial. Et qu’elle constitue ainsi une réelle avancée du chantier. « Nous observons, conclura Raphaël Mapou sur ce point, qu’aucune expertise indépendante n’a été mobilisée pour confirmer la position de la Province. »
Faute d’une entente sur le volet technique, les visiteurs ont mis l’accent sur l’aspect réglementaire, qui leur a déjà réussi avec la révision de l’arrêté sur les installations classées, en juin. Sans que les discussions n’aboutissent véritablement. « Nous respectons la loi », persiste le directeur des constructions à Goro, Pierre Dubuc. « Ici, Inco fait ce qu’il veut », répond à distance le président de Rheebu Nuu, André Vama. Il faudra encore quelques visites pour convaincre.

Marc Baltzer 

..Juste pour vous dire, qu'il n'y a pas que du sable blanc et des cocotiers sur une ile du pacifique!!! Une usine fonctionne, la pollution est bien présente.. et que ce minerai est bien nocif pour la nature..